Au large de Douarnenez, une ville magnifique se dressait il y a fort longtemps : Ys.
Semblable à Sodome et Gomorrhe, elle devait disparaître. Elle fut submergée par des flots déchaînés en punition des péchés de ses habitants.
Quelques explications.
Règne en Armorique aux premiers temps de l'ère chrétienne un roi dénommé Gradlon Meur.
Gradlon est roi de Cornouaille et devient par la suite roi de toute la Bretagne.
Encore jeune, au cours d'un voyage en Norvège, il combat puis épouse Malgven, une princesse-sorcière-guerrière (un genre de Walkyrie, montée sur un cheval de mer du nom de Morvac'h). Lors de leur retour vers l'Armorique, fort long et contre vents et marées, nait de ces amours une fille, Dahut (encore appelée Ahès). Mais cette naissance provoque la mort de Malgven.
Gradlon en reste meurtri et voue une aveugle dévotion à sa fille Dahut, dévotion qui est parfois excessive.
Il fait construire pour elle une ville merveilleuse du nom d'Ys.
Dressée en bordure de mer, Ys est protégée contre les invasions des flots par un puits destiné à recevoir les excédents des grandes marées. Ce puits possède une porte secrète, dont seul le roi a la clé, qu'il ouvre et ferme quand cela est nécessaire.
Dahut règne en souveraine absolue sur la puissante et prospère Ys. Elle y vit dans le luxe et la débauche tout en vénérant l'ancienne religion que réprouvent Saint-Gwenolé et Saint-Corentin, proches conseillers du roi et tenants de la nouvelle religion chrétienne.
Pour couronner un banquet donné en l'honneur d'un amant qui n'est autre que le diable, la princesse Dahut dérobe la clé à son père et ouvre l'écluse.
La ville est submergée par la mer.
Gradlon réussit à s'enfuir à cheval et tente de sauver sa fille. Mais celle-ci est poussée à l'eau par Saint-Gwenolé et meurt noyée par les flots.
Gradlon et Saint-Gwenolé seront les seuls survivants de la cité disparue.
Au XIXe siècle, plusieurs auteurs ont mis leur talent au service de ce récit mythique. Théodore de la Villemarqué évoque ce thème dans son Barzaz-Breiz.
En 1850, Olivier Souvestre, de Morlaix (à ne pas confondre avec Emile Souvestre, l'auteur des Derniers Bretons), crée une longue gwerz de plus de 200 vers : "Gwerz ar roue Gralon ha Kear Is".
Elle est très populaire dans toute la Bretagne.
Qui ne connaît son premier vers : Petra'zo nevez e kêr Is.
Il n'est pas dans l'histoire de la Cornouaille figure plus populaire que celle du roi Gradlon.
Aujourd'hui encore, malgré les sévices de la révolution, la statue équestre de Gradlon trône dans les airs entre les deux flèches de la cathédrale de Quimper.
Saint Guénolé demandant à Gradlon d'abandonner sa fille, E. V. Luminais, 1884 (Musée des Beaux-Arts, Quimper)
(source: Wikipedia et Bretagnenet)